Né le 2 mai 1920 à Rüegsauschachen, commune de Rüegsau, dans l’Emmental, canton de Berne, où il suit sa scolarité. Il grandit à Rüegsauschachen et Berne et commence sa formation artistique à l’école de sculpture sur bois de Brienz, canton de Berne, qu’il interrompt à cause de la mort subite et prématurée de son père.
Marié, 3 enfants et exerçant différentes professions, il peint et dessine en tant qu’autodidacte et parallèlement il est élève de Paolo, à Berne. La nature morte et le paysage deviennent ses sujets de prédilection.
En 1968 il s’installe en Romandie. Dès 1971, à Chevilly, canton de Vaud, village du peintre Charles Gleyre, il trouve sa nature, son paysage préféré, son calme et sa sérénité. Les traces de civilisation encore très présentes dans ses œuvres des années 60 s’effacent peu à peu pour laisser place à la symbolique du geste humain, un paysage modelé jusqu’à l’abstraction.
Il meurt le 28 février 1985 à Chevilly.
« Je cherche la raison profonde de ce que je fais. Je commence à voir que cette raison est dans le plaisir que je trouve à faire et la raison de ce plaisir est que ce plaisir n’est pas un mot seul. La force de l’art est leur ralliement. La vie n’est la vie que parce qu’elle circule d’homme à homme et elle aussi les rallie. »
« Le format signifie pour moi : limites.
Le format c’est pour moi : étroitesse et contrainte.
Pour exprimer mes sentiments artistiques, j’ai besoin d’espace et d’infini, d’éloignement. Mon rêve serait : sans limites. Ma peinture n’a pas de cadres, pas de limites. Elle déborde bien au-delà de ce que l’on appelle le cadre. Elle est, en quelque sorte, infinie. Mais comme il faut bien définir cette contrainte, le carré me semble parfait.
Quand je peins, il n’y a pas de format. Je peins et subitement, cela s’arrête sur la toile, mais pas dans l’esprit. »
Critique
8 novembre 1982 Hôtel de Ville Yverdon
« Tribune Le matin » Françoise Jaunin - Entre temps arrêté et temps suspendu
… Comme emprisonnés sous une chape de silence, les paysages de Nussbaumer sont construits comme d’amples et rigoureuses géométries, des architectures essentielles où champs de neige et champs de blé, rideaux d’arbres et masse des forêts, pans de terre et pans de ciels sont découpés, posés et imbriqués comme des blocs nets et précis, définitifs. Tout tend au dépouillement. La couleur elle aussi se contente de palette, très restreinte, grave, quasi monochrome. La lumière lui suffit. La matière elle-même paraît dématérialisée: tout accident en est gommé. Seule reste la surface, parfaitement unie et lisse. C’est le règne de la permanence, de l’éternité silencieuse…
Mais si la peinture de Nussbaumer représente le temps arrêté, ses dessins figurent le temps suspendu. Par la vertu du trait et des stries du crayon, un souffle s’y introduit, une respiration bienfaisante qui vient alléger l’atmosphère si compacte des peintures. Les nuages y font leur apparition et y tiennent même une place prépondérante dans les ciels immenses et raffinés. Et leurs architectures complexes mais précaires ouvrent la porte à l’éphémère, au mouvement, à la vie. C’est dans les dessins les plus dépouillés, les plus éloignés d’une traduction trop littérale, les plus attentifs à la vibration de la lumière été du trait qui la transpose que l’œuvre atteint une dimension réellement poétique…
Source : publication « Hans Nussbaumer - Le paysage vaudois, peintures et dessins »
Edition Hansjürg Nussbaumer, 3303 Jegenstorf, mars 2005